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Témoignage de Lisa Cameron

Lisa Cameron
Poste : Soutien aux déploiements
Lieu de déploiement : Afghanistan en Lettonie

Afghanistan, 2002 : Des tirs fratricides et une nation en deuil

C’était en mai 2002, un mois après l’incident de tir fratricide qui a entraîné la mort de quatre soldats canadiens du groupement tactique du 3e bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry à Tarnak Farm, en Afghanistan. Lisa Cameron s’est rendue à Kandahar pour préparer une tournée de spectacles pour les Forces canadiennes sur un camion à plate-forme « au milieu du désert ».

« C’était une période difficile, la première rotation canadienne soutenant la mission américaine, l’opération ENDURING FREEEDOM, explique Lisa. Les gens étaient en deuil. Il y avait beaucoup d’éléments inconnus. Tout le monde vivait dans des tentes. Nous, les artistes, avons dormi dans les terminaux bombardés de l’aéroport de Kandahar. Les ingénieurs ont eu la gentillesse de nous installer des lits de camp et des murs de fortune en contreplaqué. »

Les troupes, ainsi que le pays tout entier, étaient sous le choc du premier décès de soldat canadien dans une zone de combat depuis près de 50 ans, un deuil que les FAC n’avaient pas connu depuis la fin de la mission de la guerre de Corée, en 1953.

À l’époque, personne ne savait que l’Afghanistan deviendrait la plus longue guerre du Canada (2001-2014), qu’elle sacrifierait 158 soldats canadiens et sept civils, qu’elle ferait des milliers de personnes blessées et qu’elle contribuerait à la reconnaissance croissante du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et du caractère essentiel du soutien au bien-être pour les FAC, les familles des militaires et les vétéranes et vétérans.

« Notre objectif avec la tournée de spectacles était d’apporter un peu de réconfort du pays et peut-être d’offrir un peu de répit mental à ceux qui servaient dans un environnement très austère, explique Lisa. La musique nous a permis de parler un langage universel pour interagir, réconforter et apporter ce soutien. »

Une musicienne avec un but, de Nashville aux SBMFC

Lisa avait neuf ans lorsqu’elle a touché pour la première fois une guitare. Trois ans plus tard, le groupe Lisa Cameron & Company était né. Bien que n’ayant pas l’âge légal pour jouer dans les salles de spectacle, son groupe passe ses étés et ses vacances dans les festivals, les foires et les bars de l’est de l’Ontario et de l’ouest du Québec. À 16 ans, Lisa se rend à Nashville pour enregistrer le premier de ses cinq albums de musique country. Un passage à l’école de commerce de Kingston, en Ontario, et un retour à Nashville pour travailler à la production avec Reba McEntire chez Starstruck Entertainment quelques années plus tard ont orienté sa carrière musicale sur une trajectoire solide.

En tant que jeune adulte, à partir de 1998, elle s’est également rendue plus d’une dizaine de fois dans des environnements de déploiement dans le cadre du programme de tournées de spectacles des SBMFC, soit sur des navires de la marine canadienne, en Bosnie et, après 2002, plusieurs fois encore à Kandahar.

« L’Afghanistan a constitué une plaque tournante pour moi, personnellement », dit Lisa. Je pouvais voir en quoi notre spectacle musical et notre organisation contribuaient au moral des troupes. Mon désir de contribuer aux FAC pour soutenir ces gens précisément dans les zones de déploiement dans le monde a pris le dessus sur tout le reste de ma vie ».

Intégration aux troupes en Afghanistan

Grâce à son sens aigu des affaires et à sa détermination, Lisa a quitté Nashville d’abord pour travailler dans le domaine des services environnementaux et de la haute technologie, mais elle a fini par suivre sa passion. Le 1er mai 2007, elle s’est jointe aux SBMFC de façon permanente, en tant que gestionnaire du soutien aux déploiements.

C’était l’aboutissement parfait de ses compétences d’artiste, de productrice et d’entrepreneure, associées à son désir inné de faire évoluer les opérations de soutien au déploiement à Kaboul, à Kandahar et à Dubaï, afin de soutenir les FAC dans ce qui était devenu une mission vaste et complexe de l’OTAN au Moyen-Orient.

À ce titre, Lisa était responsable de la Radio et de la Radiotélévision des Forces canadiennes (RTFC), qui, à l’époque, était en tête pour transmettre les nouvelles et les événements sportifs, comme les éliminatoires de la Coupe Stanley, aux troupes dans le théâtre des opérations. Elle a également supervisé les tournées de spectacles et le programme de commodités, qui consistaient à envoyer des objets canadiens, des drapeaux et des colis, des journaux et des magazines canadiens imprimés, etc. aux troupes affectées dans le monde entier.

L’équipe des opérations de déploiement du QG de l’époque a travaillé sans relâche pour établir le premier Tim Horton’s sur l’aérodrome de Kandahar, d’abord situé sur la promenade, avec une patinoire de hockey-balle extérieure adjacente.

« L’équipe du QG mérite une immense reconnaissance pour le rôle essentiel qu’elle a joué dans notre mission en Afghanistan, déclare Lisa.

Le travail acharné qu’elle a accompli pour préparer les civils au déploiement était essentiel, surtout dans des conditions aussi difficiles. Pendant mon séjour, j’ai eu l’honneur de les aider sur place et de soutenir d’autres missions en cours et des ambassades canadiennes. Leur dévouement et celui de notre personnel en mission ont contribué pour une bonne part au bien-être et à la réussite de l’ensemble du personnel déployé ».

Les SBMFC géraient également des points de vente au détail dans la « zone 26 », où le complexe canadien a finalement été réinstallé à l’aérodrome de Kandahar, comptant de 60 à 65 civils en mission au service des troupes de l’OTAN à tout moment. Des civils canadiens sont partis en mission dans un point de vente au Camp Nathan Smith à Kandahar City, nommé en l’honneur d’un soldat canadien originaire de Nouvelle-Écosse mort en Afghanistan en 2002, ainsi qu’au Camp Mirage, un centre logistique à Dubaï.

« La mission en Afghanistan prenait de plus en plus d’ampleur, explique Lisa. Une grande partie de la mission se déroulait avant l’avènement de l’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous avons constaté que les gens étaient très ritualisés et qu’ils avaient besoin d’un peu de réconfort du pays pour s’en sortir. C’est ce que nous leur avons offert. »

« Le fait de jouer au hockey-balle, de regarder les matchs de la Coupe Grey, ou de s’asseoir sur la promenade de l’aérodrome de Kandahar avec un journal canadien, vieux de quelques semaines, une tasse de café Tim Horton’s à la main, permet d’oublier où vous êtes pendant cinq ou dix minutes, ou quelques heures. Des aspects vraiment importants pour le moral de nos troupes ».

L’équipe a également proposé des activités de conditionnement physique, de sport et de loisirs, ainsi qu’un programme d’excursions au Camp Mirage, afin de faire sortir les gens de la base, car il s’agissait d’un « espace assez restreint ».

Lisa Cameron a personnellement passé une grande partie de son temps en Afghanistan « à l’extérieur des barbelés » dans les bases d’opérations avancées, aidant à la mise en place de programmes de soutien et à l’installation d’équipements. Les membres du personnel affectés à la mission s’aventuraient régulièrement au-delà des portes du camp principal pour exercer leurs fonctions de barbières ou barbiers et de vendeuses ou vendeurs au détail. Les barbières ou barbiers étaient envoyés pour couper les cheveux des militaires qui ne pouvaient pas rentrer au camp principal.

« Ces conditions étaient périlleuses », explique Lisa.

« En Afghanistan, chaque fois qu’on devait se déplacer par la route ou par voie terrestre, on s’inquiétait beaucoup, et à juste titre, de la pose d’engins explosifs improvisés. J’étais à l’aérodrome de Kandahar lorsque l’école pour enfants construite par les Canadiens juste à l’extérieur des portes a été attaquée par un kamikaze. »

Plus de 40 000 troupes canadiennes ont servi en Afghanistan sur une période de 13 ans. Le rôle de combat du Canada a pris fin en 2011, mais les dernières troupes sont restées pour participer aux efforts de reconstruction du pays jusqu’au 12 mars 2014.

De nouveaux horizons : Les SBMFC en Lettonie

Peu après la fin de la mission canadienne en Afghanistan, les FAC ont été chargées de mettre sur pied une base de l’OTAN à Adazi, en Lettonie, à 30 kilomètres au nord-est de Riga et à un peu plus de 240 kilomètres de la frontière avec la Russie.

Lisa, qui a été promue directrice associée du soutien aux déploiements en 2015, a été chargée non seulement de donner des conseils sur la mise en place des installations (y compris le vaste espace de conditionnement physique, les activités de vente au détail et les programmes de loisirs et d’excursions), mais aussi d’améliorer continuellement et progressivement le processus de sélection et d’entraînement des membres du personnel civils canadiens qui seraient déployés en Lettonie, pour le compte des SBMFC, pour soutenir la mission de dissuasion. Elle venait d’épouser un militaire, avait été affectée à Halifax et fondait une famille « tard dans la vie », admet cette mère de deux enfants.

Malgré une vie familiale bien remplie, Lisa continue de se rendre en Lettonie plusieurs fois par année, afin d’entrer en contact avec les membres du personnel des SBMFC affectés à une mission et avec les troupes, et d’établir des liens organisationnels importants et d’apporter des améliorations. Elle supervise également personnellement les séances de formation et de sélection à Halifax après chaque cycle de recrutement de civils pour le soutien aux déploiements, qui a lieu deux fois par an.

Recrutement de civils pour la mission en Lettonie

L’annonce faite par le Premier ministre en juillet 2023, selon laquelle le Canada a l’intention de redoubler sa présence militaire, qui passera de 1 000 à 2 200 membres des FAC d’ici 2026, signifie une augmentation simultanée du recrutement de civils pour le compte des SBMFC.

La mission en Lettonie recense actuellement 26 civils, et ce nombre devrait doubler d’ici la fin de l’année. Lors de la campagne de recrutement de janvier,  1 847 Canadiennes et Canadiens ont soumis leur candidature, y compris des employés des SBMFC. Une centaine de personnes ont été invitées à participer à la séance de formation et de sélection du Soutien aux déploiements qui s’est déroulée à Halifax au début du mois de mai. Les candidates et candidats qui auront réussi la formation pourront partir en mission au cours des deux prochaines années. 

« Il y a plusieurs types de personnes qui se présentent pour faire ce travail, explique Lisa. Mais il y a certains points communs. Tous ceux et celles qui choisissent de partir en mission dans ce cadre veulent rendre à leur pays ce qu’il leur a donné. »

« Cela ne signifie peut-être pas qu’ils sont prêts ou aptes à revêtir un uniforme ou à prendre les armes pour aller sur les lignes de front d’un conflit. Mais il s’agit d’une façon très concrète et tangible pour les membres de notre personnel de contribuer et de répondre à ce besoin patriotique en faisant partie de l’équipe de soutien ».